Ben Ross est professeur d’histoire dans un lycée. A ce titre, il doit enseigner le régime Nazi à ses étudiants. C’est vraiment un sujet qui lui tient à coeur et, pour marquer les esprits, il décide d’illustrer son propos par la projection d’un film composé d’images d’archive des camps de concentration. Le film a l’effet escompté, les étudiants sont sous le choc. Il s’en rend compte et tente de les interroger et là stupeur ! Les images projetées à l’écran sont tellement choquantes que les étudiants n’arrivent pas à comprendre comment des êtres humains ont pu commettre de pareilles atrocités envers d’autres êtres humains. “C’est n’importe quoi, lança-t-il,. Comment pourrait-on massacrer dix millions de gens sans que personne s’en aperçoive ?”
En effet, difficile d’expliquer l’inexplicable même pour un professeur d’histoire. En rentrant chez lui, le professeur Ross rumine son échec et songe à un moyen d’apporter une réponse à ses étudiants. C’est à ce moment qu’une idée va lui traverser l’esprit: pourquoi ne pas réaliser une expérience. La pratique n’est-elle pas l’un des meilleurs moyen pédagogique ? Ne réalise-t-on pas des travaux pratiques de physique ou de biologie, alors pourquoi pas des travaux pratiques d’histoire. C’est alors qu’il décide de créer la Vague, un mouvement au sein de sa classe. Il débute l’expérience en instaurant un salut formel et en créant un fort sentiment d’appartenance au groupe. Le mouvement va vite prendre de l’ampleur et l’expérience deviendra une réussite ou une catastrophe selon sous quel angle on voit les choses.
Ce livre est le récit romancé de cette expérience réellement menée aux Etats-Unis dans les années 70. L’expérience est troublante et nous rappelle une fois de plus que le pire n’est jamais bien loin. Le seul bémol concernant ce livre, par ailleurs édifiant, tient à son côté romancé qui est, à mon sens, complètement raté. Les personnages sont des stéréotypes de lycéens californiens (le quaterback, le souffre douleur, etc.) sans relief auxquels il est impossible de croire et s’attacher. La narration et le style sont aux abonnés absents et le tout dessert réellement le propos en le décrédibilisant. J’aurais préféré, au choix, lire le compte rendu de l’expérience ou un vrai roman construit autour d’elle. Ici on se situe entre les deux ce qui engendre une grande frustration. Malgré ces défauts, ce livre atteint son objectif et nous montre qu’il ne faut jamais baisser la garde. A ce titre, je ne peux que le conseiller.
Todd Strasser, La Vague, traduit par Aude Carlier, Pocket, 2009, 221 p, Amazon.