Je connaissais Philip Roth grâce à son fabuleux roman La tache. Un peu déçu après la lecture de Complot contre l’Amérique, j’avais délaissé cet auteur. En lisant un article paru à l’occasion de la sortie de son nouveau roman, Exit le fantôme, mettant en scène – peut-être pour la dernière fois – son alter ego de papier Nathan Zuckerman ma curiosité a été piquée par la découverte des premiers romans relatant les aventures de ce personnage.
Mon sentiment, à la lecture des deux premiers tomes est partagé (ce volume en contient trois plus une nouvelle). La question de fond abordée est intéressante, le personnage principal est atypique et séduisant. Par contre, certaines parties de ces romans sont un peu obscures et indigestes. En conclusion un sentiment mitigé.
Relecture
J’ai décidé de reprendre la lecture du cycle Nathan Zuckerman en recommençant par le commencement. Je tenais à faire un distinction nette entre L’écrivain fantôme – difficile de traduire correctement The Ghost Writer et Zuckerman délivré. Le premier est un huis clos entre un écrivain reconnu et vieillissant et un débutant (Zuckerman). Ce livre est plutôt plaisant à lire sans être exceptionnel. Le second est plus complexe, plus profond avec la contradiction entre le reniement de ses racines et la trahison de ses proches – finalement un peu ce qu’à fait Édouard Louis avec En finir avec Eddy Bellegueule ou ce qu’a fait Roth lui-même avec Portnoy et son complexe – qui mène au succès et à la reconnaissance et laisse donc un goût très amer. Sur ce plan, c’est très réussi, rien à dire. Par contre le côté paranoïaque avec le personnage extrêmement agaçant d’Alvin Pepler et très pénible à la longue et ne sert pas du tout le livre. Je vous rassure, la suite (La Leçon d’anatomie) que je viens de commencer repart sur de très bonnes bases.
Philip Roth, Zuckerman enchaîné, Gallimard, coll. « Folio », 1987, 736 p, Amazon.