Ce roman met en scène deux jeunes détectives aux profils bien opposés. Le premier, James Trelawney, est un athlète plutôt du genre coureur de jupons. Le second, Andrew Singleton, est un féru de littérature. Etrangement, lors de cette aventure, ce n’est pas la force qui sera le plus grand atout de ce duo mais bien l’érudition du jeune Andrew. Cette connaissance lui sera précieuse lorsqu’il tentera de dénouer le mystère entourant une série de meurtres reproduisant à l’identique ceux perpétrés par des personnages restés dans les mémoires: Jack l’éventreur, Dorian Gray, Dr Jekyll / Mr Hyde et même le comte Dracula. Est-ce là le forfait d’un admirateur ou, comme le titre nous le laisse supposer, est-ce les revenants qui ont décidé de reproduire leurs méfaits des années après ?
C’est un véritable hommage à la littérature de l’époque victorienne. On visualise, dès les premiers chapitres, les rues de Londres humides et embrumées faiblement éclairées par la lueur blafarde des lampadaires. Ce roman reprend d’ailleurs tous les ingrédients qui ont fait le succès de cette littérature. L’auteur est manifestement un grand connaisseur de cette période et a mis beaucoup de soins à la retranscrire. Le vocabulaire a été choisi avec soin et l’usage d’un imparfait du subjonctif au coeur de Witechapel nous met irrémédiablement dans l’ambiance. Le style employé nous leurre à tel point que l’on a l’impression de se trouver dans un roman de Conan Doyle. Le deuxième chapitre m’a d’ailleurs rappelé le Signe des Quatre. J’ai revécu la scène durant laquelle Watson et Holmes, devisant de l’art de la déduction, reçoivent, à l’étage de leur pension, la visite d’une jeune femme qui ne laissera pas Watson indifférent. Dans le roman de Fabrice Bourland, la jeune femme n’est autre que la veuve d’Arthur Conan Doyle ! On apprend beaucoup en lisant ce livre même si je n’ai pas été passionné par l’intrigue. Les connaisseurs se régaleront des nombreuses références aux romans qu’ils chérissent, les autres feront de belles découvertes et se laisseront peut-être tenter par les oeuvres des illustres prédécesseurs de Fabrice Bourland: Stevenson, Wells, Wilde, Stoker et bien sur Conan Doyle. Je conseille aux amateurs du genre la lecture de la très bonne série de bandes dessinées Professeur Bell de Joann Sfar.
Enfin, je profite de ce billet pour vous informer que les aventures de Sherlock Holmes, comme le Signe des quatre, sont disponibles gratuitement, en anglais, sous forme de livres audio sur le site de Librivox. Librivox est un projet visant à rendre disponible au format audio les livres tombés dans le domaine public. Le livres en français sont plutôt rares. Je participerais bien, mais je doute que l’accent toulousain rencontre un succès international :-].
Je remercie les éditions 10/18 ainsi que Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre dans le cadre du programme Masse critique.
Fabrice Bourland, Le fantôme de Baker Street, 10/18, 2008, 247 p, Amazon.