Une femme de ménage est embauchée par la belle-sœur d’un vieux professeur de mathématiques. Dès leur première rencontre et alors que le professeur l’assaille de questions saugrenues, elle est surprise de constater que la veste du professeur est constellée de notes manuscrites maintenues au tissu par des pinces. Elle va vite comprendre que c’est la mémoire du professeur qui est ainsi répandue sur des bouts de papier griffonnés à la hâte. Dans sa défaillance, la mémoire du professeur est d’une précision mathématique car elle ne persiste que 80 minutes. Quel désarroi pour ce pauvre homme, pour lequel le temps s’est arrêté bien des années auparavant, de revivre chaque jour la rencontre avec une femme de ménage qui semble très bien le connaître. Malgré son handicap, le professeur conserve ses capacités de réflexion et, s’il y a bien une chose qu’il n’a pas oublié ce sont les mathématiques et ses nombreuses curiosités : Les nombres parfaits, triangulaires mais surtout les nombres premiers. Ces nombres ne comportant pas de diviseur sont auréolés de mystère car on ne sait toujours pas les dénombrer ni même prédire leur apparition.

Ce livre n’est pas un nième roman traitant de l’amnésie mais une histoire sensible et intelligente de la rencontre entre des êtres si différents et pourtant si complémentaires. Les anecdotes concernant les mathématiques sont traitées subtilement, sans lourdeur ni exagération et revêtent un réel intérêt. Dommage que Yôko Ogawa n’ait pas poussé jusqu’au bout toutes ces idées car ce roman avait encore du potentiel. En conclusion, c’est un récit plein d’humanité et de tendresse dans lequel on verra que c’est au contact des autres que l’on s’enrichit. On comprend alors mieux l’image choisie par l’éditeur pour illustrer la couverture du livre.


Yoko Ogawa, La formule préférée du professeur, Actes Sud, 2008, 244 p, Amazon.