Le titre qu’a choisi Pierre Assouline pour son roman est un terme plus connu sous son nom anglais de borderline. Ce terme désigne un trouble de la personnalité se situant entre la névrose et la psychose qui se manifeste généralement chez le sujet par un état cyclique. Pourquoi ce titre ? L’un des protagonistes souffre-t-il d’un tel trouble ?
Pourtant, le personnage principal semble équilibré, par contre, il a la particularité d’exercer le métier rare, mais au combien intéressant de généalogiste. Son témoignage a habituellement une valeur historique ou une utilité plus terre à terre dans le cadre d’enquêtes pour héritages. Il apprendra à ses dépends que l’histoire peut aussi être utilisée comme une arme efficace et dangereuse.
Le roman débute dans le métro, moyen de transport qu’utilise le principal protagoniste pour se rendre à un rendez-vous. Rien de particulier jusqu’à là si ce n’est que de petits évènements vont faire monter la tension crescendo dès le début de l’histoire. Le lieu où se déroule cette première scène n’a pas été choisi par hasard. Le rédacteur du blog La république des livres va utiliser ce moyen de transport très parisien comme fil conducteur, ou ligne directrice du roman. On dirait que, par ce métro, Pierre Assouline veut nous transporter entre plusieurs genres littéraires. En effet, n’allez pas croire que vous avez entre les mains un nième roman parisien avec ses petites intrigues, ses appartements cossus, son métro – enfin, un peu quand même. Le livre n’aura de cesse d’évoluer insidieusement pour se terminer de manière inattendue.
L’auteur fait preuve d’une parfaite maîtrise en se montrant autant à l’aise dans les salons à distiller des bons mots – comme ce génial " Une conversation faite plus pour éblouir que pour éclairer" – que dans la conduite d’une intrigue palpitante. En conclusion, un roman surprenant, bien écrit et très prenant. Une réussite.
Pierre Assouline, État limite, Gallimard, coll. « Folio », 2005, 256 p, Amazon.