Tout d’abord, il faut savoir que ce roman a été rédigé par un duo improbable composé d’un maître franc-maçon, Jacques Ravenne (c’est un pseudonyme), et d’un journaliste ayant enquêté sur les dérives liés à l’ordre, Eric Giacometti. Le rituel de l’ombre est le premier opus d’une série mettant en scène le personnage récurrent du commissaire Antoine Marcas. Ce commissaire, comme vous devez vous en douter, est lié de très près à la franc-maçonnerie. Il a été élevé au grade de maître au sein d’une loge. Durant cette aventure, il se retrouve mêlé, bien malgré lui, à une affaire trouvant ses origines durant la deuxième guerre mondiale. Les francs-maçons sont à nouveau menacés par leur ennemi de toujours. Tout au long du roman, les échanges entre Marcas et les autres protagonistes sont prétextes à évoquer l’univers de la franc-maçonnerie. Ils constituent également un habile moyen d’exposer les différents points de vues sur un sujet aussi controversé que celui-ci, et de poser une fois de plus l’inévitable question : Les francs-maçons sont-ils les bienfaiteurs de la société ou au contraire une communauté de nantis se rendant mutuellement des services ?
Une connaissance indéniable des rites maçonniques et une écriture adroite contribuent à faire de ce thriller mystico religieux un bon livre. On passe un agréable moment grâce à une intrique rythmée et, si l’on n’est pas un spécialiste de la franc-maçonnerie, ce livre constitue une bonne introduction. Il donnera probablement envie à certains d’approfondir ce vaste sujet tant il évoque des points intéressants. Hormis le sujet de la franc-maçonnerie qui, on l’aura compris, est largement traité, d’autres trouvailles enrichissent ce roman. Je citerais premièrement la société de Thulé, qui occupe une part importante du récit et deuxièmement un élément plus anecdotique: la vierge de fer. La vierge de fer, comme son nom ne l’indique pas est un instrument de torture très impressionnant. C’est en fait un cercueil ou un sarcophage tapissé de pointes acérées destinées à transpercer lentement la malheureuse victime placée à l’intérieur. Si vous souhaitez visualiser une interprétation de cet instrument, je vous conseille de jeter un oeil à celle magnifiquement réalisée par Mike Mignola dans Hellboy.
Pour conclure, ce roman surclasse largement deux poids lourds du genre que sont, celui que l’on ne présente plus : Le Da Vinci Code et le prix de la littérature policière 2005 : Le Dernier Testament. Il n’est pas pour autant exempt de défauts. Un schéma narratif un peu trop stéréotypé et une trop grande utilisation de clichés gâchent le tableau. Des personnages que tout oppose sont obligés de collaborer pour atteindre un but commun. Ou encore, lors d’un séjour en Hollande, après avoir rendu visite aux prostituées exposées dans des vitrines, on se dirigera en logeant les canaux et en évitant les vélos vers un coffee shop …