Derrière ce drôle de titre se cache un petit essai (c’est en fait le chapitre d’un livre cf. plus bas) assez virulent concernant la lecture mais aussi certains travers de la nature humaine. Sans parler du peu de respect accordé aux auteurs partageant bien malgré eux votre intimité, Henry Miller va plus loin et trouve l’origine de cette pratique dans le refus de se retrouver seul avec soi-même. Il invoque les mêmes raisons pour expliquer le nombre, toujours grandissant, de personnes rivées du matin au soir devant leur télé. Pour soigner les membres les plus atteints de cette détestable habitude, il va même jusqu’à prescrire la lecture de certains ouvrages particulièrement rébarbatifs. Dans son livre, il ne critique pas tant l’offense faite aux auteurs – car après tout, chacun est libre de lire où il le souhaite – que l’aliénation de certains se trouvant toujours obligés d’occuper aux mieux leur temps, sans même respecter celui normalement dévolu aux plus essentielles nécessités de la nature.
Ce court essai grinçant et sarcastique est un régal. Henry Miller parvient à capter notre attention en partant d’une réflexion apparemment dérisoire, voire grotesque, qui devient prétexte à disserter sur des sujets de société d’une toute autre envergure. Enfin, si vous ne connaissez pas la maison d’édition Allia, je vous conseille vivement de vous intéresser à son catalogue car il contient des petits livres adorables, d’une qualité irréprochable. Lire aux cabinets n’est peut être pas le meilleur exemple car l’on pourra préférer s’intéresser au livre complet : Les livres de ma vie1 dont il est issu (c’est le treizième chapitre du livre). A lire donc et de préférence ailleurs qu’aux toilettes !
Henry Miller, Lire aux cabinets, Allia, 2000, 57 p, Amazon.