Ce livre relate la vie de deux grands savants allemands aux spécialités et profils bien différents. Le premier est le célèbre mathématicien Carl Friedrich Gauss. C’est un véritable génie précoce qui est tellement en avance sur son temps qu’il s’en rend lui-même compte. Il ne n’a de cesse de se lamenter en se demandant pourquoi il doit endurer le sort si cruel d’être né et de devoir vivre dans un monde si arriéré. Il pense plus vite que tout le monde et c’est principalement pour cette raison que les autres l’ennuient au point de presque tous les mépriser. Plus encore que les gens, il abhorre les voyages et ne quitte que bien malgré lui son domicile.
Les voyages sont la spécialité du second personnage principal de ce roman ; l’explorateur Alexander von Humboldt. En plus de la géographie, il étudie tout ce qui touche aux sciences de la vie, de la botanique à la géologie en passant par la zoologie et l’ethnologie. Il n’a ni le même profil ni les mêmes ambitions que son compatriote. C’est un savant plus besogneux à l’intelligence moins fulgurante mais aux plus grandes ambitions. Il souhaite devenir célèbre grâce à la science et y consacre chaque instant de sa vie.
Pourquoi ce titre : Les arpenteurs du monde ? C’est que les deux savants vont exercer de manière bien différente le métier d’arpenteur. Ce métier, proche de celui de géomètre, consiste à effectuer des mesures géographiques visant à évaluer la superficie de terrains et à établir des cartes.
Humboldt parcours l’Amérique du Sud, descends l’Amazone, escalade la cordillère des Andes découvre des lieux, des espèces et des peuples jusqu’alors inconnus. Pendant ce temps le génial Gauss doit parcourir les forêts de son Allemagne natale, négocier avec les vieux barons, partager le repas des paysans et dormir sur des paillasses malodorantes. Que va-t-il se passer lorsque ces deux hommes que seule la science rapproche vont se rencontrer ?
C’est un très bon livre, les aventures du baron Humboldt son passionnantes. Totalement obnubilé par la science, il ignore tous les risques et va vivre des aventures extrêmes qui vont les mener, son infortuné assistant et lui, a leurs limites physiques et mentales. Le cas de Gauss est bien différent, il met en lumière l’inaptitude des génies à évoluer dans le monde des gens “normaux”. L’alternance du récit entre les deux personnages ajoute une touche d’originalité à un livre très bien écrit et documenté.
Daniel Kehlmann, Les Arpenteurs du monde, Actes Sud, 2007, 298 p, Amazon.