Demon Slayer 6
Je n’avais pas été vraiment emballé par la lecture des trois premiers tomes de Demon Slayer, mais, sur les conseils d’un ami qui m’a gentiment prêté la suite, je me suis laissé convaincre de donner une deuxième chance à cette série dont le succès n’est plus à prouver. Ce sixième tome est une sorte de respiration, les jeunes chasseurs de démons prennent quelques jours de repos et en profitent pour s’entraîner. Cette séquence m’a rappelé avec beaucoup de nostalgie les moments où Son Goku est ses amis (les héros de Dragon Ball) se retrouvaient dans des lieux magiques pour parfaire leurs techniques de combat. La série prenant de l’ampleur, de nouveaux personnages apparaissent et notamment – ceux que je préfère – les piliers qui sont les chasseurs de démons les plus puissants et leurs alter ego démoniaques, les lunes (démoniaques). Le scénario s’étoffe donc et donne plus de profondeur à la série – je rassure les amateurs, les démons sont toujours aussi dégoûtants. ...
Arcadie
J’ai été tellement séduit par l’écriture de La Treizième Heure, tellement étonné par une telle originalité que j’ai décidé de lire cet autre roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam. Je savais où je mettais les pieds et je n’ai donc pas été surpris de retrouver de nombreuses similitudes. Pour être honnête, je l’ai quand même été car la ressemblance est grande. Les romans se déroulent au sein de ce qu’il convient d’appeler une secte qui rassemble disons des non-conformistes – c’est un doux euphémisme – dirigée par un homme – un gourou, appelons les choses par leur nom. Au sein de cette communauté l’un des personnages principaux prénommé(e) Farah a la particularité d’être intersexué(e), c’est-à-dire qu’elle ou il se trouve à la frontière entre homme et femme, en quête d’identité. Les similitudes s’arrêtent là et les histoires sont tout de même bien différentes. ...
Alyte
Alyte signifie: “Qui ne peut être délié”. C’est un très beau nom. Une belle fable écologique est la bienvenue par les temps qui courent et nous pouvons remercier Jérémie Moreau pour cela. On sait depuis Les Pizzlis que cette thématique lui tient à coeur – et il a bien raison car nous sommes tous concernés – et, armé de ses crayons, il apporte sa pierre à l’édifice pour faire bouger les consciences. Dans cette BD, on suit le parcours d’un crapaud (alyte) accoucheur – un digne représentant de la gent masculine puisqu’il a la particularité de porter les oeufs – confronté à la dure loi de la nature. ...
L'Aliéniste
L’aliéniste emprunte beaucoup à Sherlock Holmes à commencer par la narration qui est prise en charge par un personnage participant à l’enquête qui n’est pas médecin, mais journaliste. L’autre grande source d’inspiration est Jack L’Éventreur, tueur bien réel lui et qui a donné lieu à une abondante littérature au premier rang de laquelle on trouve l’un des chef d’oeuvre d’Alan Moore, From Hell. Ces deux références sont parfaitement assumées puisque l’auteur en fait mention par le truchement de son narrateur. S’ajoute à cela des moyens d’enquête modernes basés sur la psychologie (profilage) et la science (police scientifique). Les évènements se déroulent dans le New York de la fin du 19ème siècle, peu après ceux de Jack L’Éventreur, alors que Théodore Roosevelt est à la tête de la police et l’enquête est confiée à un groupe pluridisciplinaire qui opère en marge des standards de la police. ...
Le chien gardien d'étoiles
Le chien est le meilleur ami de l’homme et il vrai que la fidélité sans faille qu’il voue à son maître, sa loyauté en fait un témoin privilégié de la vie des hommes. C’est le fil rouge – et même un peu plus que ça – de cette série de Takashi Murakami dont les volumes sont ici regroupés en intégrale. Ce que l’on pourrait prendre au début pour une suite de nouvelles est en fait un ensemble cohérent intelligemment connecté. Mais si les chiens en constituent la colonne vertébrale, ces histoires ne parlent pas tant d’eux que de leur maître. Ils sont les compagnons d’infortune d’hommes et de femmes qui traversent des moments difficiles au sein d’une société qui n’est pas tendre avec les faibles. Cet amour inconditionnel que le chien porte à son maître contraste avec le regard de la société qui juge, qui discrimine et qui peut exclure du jour au lendemain – ce que l’on appelle le déclassement. Pour le chien, même dans la difficulté, le maître est un dieu, il incarne la perfection, un idéal qui ne sera jamais égalé, son estime reste la même. Il est ainsi un compagnon fidèle pour ceux qui souffrent. ...
Combats et métamorphoses d'une femme
J’ai commis l’erreur de lire d’abord Monique s’évade dont les évènements se déroulent chronologiquement après ceux de ce livre. Dans ce premier tome des évasions de Monique, la mère d’Edouard Louis, son fils nous raconte – et parle aussi à sa mère – des bribes de sa vie difficile d’avant – la partie combat –, la façon dont elle est enfin parvenue à s’émanciper d’un mari alcoolique et toxique – combat toujours – et enfin son épanouissement et sa transformation – la partie métamorphose – dans sa nouvelle vie. ...
Dress of illusional monster T1
Ici nous n’utilisons que des matières premières d’exception pour confectionner vos vêtements à la main et sur mesure: peau de dragon, écaille de sirène ou encore poudre de corne de licorne. Chaque pièce est unique, confectionnée avec soin et garantie à vie. Les mangas sont connus pour proposer des sujets d’une variété exceptionnelle, en voici un nouvel exemple. Une jeune fille reprend l’atelier de couture de sa grand-mère au sein d’un univers fantastique. C’est une idée rafraichissante qui a le bon goût de mettre en avant l’artisanat et la durabilité à l’opposé de la fast fashion. La qualité des dessins est haut dessus du lot et chaque créature fantastique bénéficie d’une fiche descriptive – le genre de truc que j’adore. Une lecture très agréable. ...
Environnement toxique
Le titre, dans sa traduction française, aurait pu être mis au pluriel puisqu’il est question de plusieurs environnements toxiques. Celui des sables bitumeux d’où est extrait le pétrole et celui créé par les hommes qui les exploitent. Kate Beaton a travaillé plusieurs années pour des entreprises du secteur afin de rembourser son prêt étudiant dans les délais impartis. De cette expérience difficile, elle tiré ce récit autobiographique en bande dessinée. On y voit en grande majorité des hommes et quelques femmes déracinés travaillant loin de chez eux au sein d’un environnement hostile dans des conditions spartiates qui essaient de vivre ensemble. Mais, pour les rares femmes, c’est encore plus difficile car elles subissent au mieux des remarques sexistes au pire des agressions sexuelles de la part de leur collègues masculins. En plus de ce constat, l’artiste en devenir va prendre petit à petit conscience de l’impact écologique de l’activité d’extraction, ce qui ajoute encore à son malaise. ...
La Treizième Heure
Je voulais lire depuis longtemps un roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam – ou l’un de ceux publiés sous son pseudonyme Rebecca Lighieri. J’avais prévu de débuter par Arcadie, mais ce roman plus récent m’est tombé entre les mains – je crois savoir qu’ils présentent quelques similitudes. Il est question d’une communauté religieuse composée de marginaux – le terme freak est aussi employé par l’un des personnage. Leurs psaumes sont des alexandrins, leur bible est écrite par les plus grand poètes. On y croise des identités de genres et des orientations sexuelles multiples. Au sein de cette communauté, le lecteur va suivre plus particulièrement son fondateur et l’histoire compliquée de sa famille. Dans cette famille non conventionnelle tout est exacerbé, comme si tout était vécu avec plus de force. ...
Le cas David Zimmerman
Lucas Harari s’est associé avec son frère Arthur pour réaliser sa troisième bande dessinée. L’histoire repose sur le concept de métempsycose, c’est-à-dire le passage d’une âme dans un autre corps. Cette transposition est évidemment un ressort scénaristique, le changement de vie, d’identité et de genre. L’histoire puise des références dans le judaïsme, la première planche figure une menorah, une chanson de Léonard Cohen sert de bande son, Zimmerman est le nom que porte Bob Dylan à l’état civil et le physique de David, le personnage principal, n’est pas sans rappeler celui de Franz Kafka. ...
La petite communiste qui ne souriait jamais
Ce sujet est une mine d’or, la première gymnaste à obtenir la note parfaite de 10 aux jeux Olympiques – note à ce point improbable que les ordinateurs ne sont pas parvenus à l’afficher. Mais aussi la Roumanie de l’époque communiste dirigée par le couple Ceausescu. Nadia Comaneci a fasciné des générations et a marqué à jamais l’histoire de son sport. J’ai été moins séduit par ce qu’a fait Lola Lafon de ces matériaux historiques. Je trouve l’idée d’inclure les échanges entre l’auteur et son sujet intéressante car il permettent de mettre en lumière les contradictions comme l’acharnement que semble mettre la roumaine à défendre le communisme face au capitalisme. ...
Les Guerriers de l’Hiver
La guerre d’hiver est le nom communément donné au conflit qui a fait suite à l’envahissement de la Finlande par l’Union Soviétique en 1939. Une nième variation du David contre Goliath qui s’est déroulée à l’extrême nord des terres habitables qui comptent plus de lacs et de forêts que d’habitants. Nous étions en guerre contre la plus grande armée du monde, celle d’un pays dont la capitale contient à elle seule autant d’habitant que la Finlande entière. ...
Monique s'évade
Ce livre que vous lisez est, en un certain sens, le résultat d’une commande de ma mère. Après Combat et métamorphose d’une femme dans lequel Edouard Louis raconte comment sa mère, Monique, était enfin parvenue à quitter son mari qui exerçait une emprise sur elle, elle a suggéré à son fils d’écrire un nouveau chapitre de sa vie. Depuis que tu as fait ce livre [Combat et métamorphose d’une femme], j’ai encore beaucoup changé. Il faudra que tu l’écrives un jour ! Je me suis encore transformée. ...
L'effondrement
Ce roman, comme les autres romans autobiographique d’Edouard Louis, est poignant. Il est poignant parce qu’il est dur et vrai. L’alcoolisme, la violence et la mort. Les traumatismes de l’enfance ne guérissent jamais. Son frère a été rabaissé et rejeté par son père, il n’a pas eu la force de surmonter cette blessure et s’est suicidé à petit feu. Dans le milieu défavorisé qui l’a vu naître, et dans lequel il a toujours vécu, il n’y a pas grand chose pour s’accrocher, aucune prise stable, tout glisse et se dérobe. ...
Cauchemar en Antarctique
J’adore ces récits d’aventure de l’époque où il restait encore des terres vierges à explorer, ils sont comme des romans, mais en mieux. Dans ce domaine, l’Antarctique (le pôle Sud) était – et est toujours un peu – le Graal, difficile d’imaginer milieu plus inhospitalier pour les humains. Pour trouver pire, il faut quitter la Terre et se rendre sur d’autres planètes – j’y reviendrai. En lisant ce livre, comment ne pas penser à d’autres récits de ce genre, le classique L’Odyssée de l’Endurance1, le livre Les Naufragés du Wager qui a connu récemment un grand succès ou encore, plus proche de nous, à L’arche des Kerguelen. ...
Pendant ce temps
Des nouveaux voisins viennent d’emménager et, à peine arrivés, le père de famille a disparu. Étrange dans ce quartier de banlieue plutôt tranquille. D’une certaine manière, l’endroit où ils ont emménagé est super déprimant. Tout est moche et chiant. J’ai l’impression qui si j’habitais là, je me suiciderais sûrement aussi. Une bonne surprise venue de Suède. Une histoire autour de deux familles qui semblent illustrer l’ensemble des familles dysfonctionnelles de notre monde moderne. Tous les symptômes et les pathologies semblent être rassemblés. C’est du nihilisme en BD, un contraste entre des dessins au style naïf et un propos sombre qui fonctionne plutôt bien. ...
Hirayasumi T1
Une “tranche de vie”, c’est l’expression qui est le plus souvent utilisée pour parler de cette série. Un jeune homme (29 ans), nouveau propriétaire d’une petite maison à Tokyo va accueillir sa jeune cousine (18 ans) qui débute ses études supérieures dans cette immense métropole. Le ressort de la série tient à l’opposition des caractères de ces deux personnages. Lui est un dilettante qui profite de la vie, se contente de peu et apprécie les plaisirs simples. Elle est travailleuse – peut-être ambitieuse – et surtout anxieuse. ...
Torso
– On l’a identifié ? – Sans tête ni mains ? Sans empreintes digitales ni fiche dentaire ? Ça va être dur. Ce que l’on appelle désormais un tueur en série sévit dans la ville de Cleveland où vient d’être nommé chef de la sécurité publique Eliot Ness – il est peut-être utile de préciser que ce n’est pas un personnage de fiction, il a existé comme celui qu’il a longtemps pourchassé, Al Capone. En plus de leurs mutilations, les victimes sont d’autant plus difficiles à identifier qu’elles semblent être des marginaux qui ne manquent à personne. Un modus operandi qui n’est pas sans rappeler celui de Jack l’éventreur dont l’histoire a été magistralement racontée en bande dessinée par Alan Moore dans From Hell. Entre tensions au sein de la police et pressions politiques, l’enquête va être particulièrement difficilement à mener. ...
Il est avantageux d’avoir où aller
Ce livre est un recueil d’articles très variés qui pourraient former un tout comme le souligne la quatrième de couverture. Le tout peut se lire aussi comme une sorte d’autobiographie. C’est très vrai, cette mosaïque brosse un portrait représentatif d’Emmanuel Carrère. On y retrouve ses sujets de prédilection, la littérature, la Russie, ses livres sur Philip K. Dick, Limonov ou encore Jean-Claude Romand, l’affirmation du “Je” dans ses écrits de non-fiction qui sont devenus au fil du temps sa signature – et je vous laisse découvrir la suite. Voici par exemple ce qu’il dit au sujet de l’écriture de De sang froid dans son texte Capote, Romand et moi. ...
Espionner, mentir, détruire
Martin Untersinger est journaliste au sein de la rubrique Pixels du quotidien Le Monde qui traite des sujets technologiques et il a reçu le prix Albert Londres pour ce livre. Tout commençait donc très bien, mais j’ai été déçu par cet ouvrage qui ressemble plus à un recueil d’articles qu’à un essai structuré. Il reprend, au sein des différents chapitres, des affaires de piratage qui ont déjà été très médiatisées comme Pegasus, WannaCry, Stuxnet ou encore SolarWinds. Pour certaines, comme Stuxnet, il semblerait qu’il se contente d’écrire ce qui ressemble plus à un résumé d’un livre qu’à une enquête. J’ai même cru déceler des imprécisions, comme dans cette phrase. ...