Je suis un inconditionnel de Paul Auster et je poursuis, avec la lecture de Moon Palace, le parcours de son oeuvre. Le livre commence bien, le personnage principal est un jeune homme étrange dont la vie n’est pas simple. Il est passionné de littérature, anticonformiste, bref un personnage comme on les aime. Puis, il fera la rencontre d’un vieil homme au passé trouble et qui pourrait bien se révéler être encore plus étrange que lui. Leur rencontre est-elle le simple fruit du hasard ?

Je me suis mis à hurler, et puis je me suis abandonné à la folie.

Les habitués de l’auteur savent que le hasard est l’une des composantes principales de son oeuvre et retrouveront également certains noms connus comme David Zimmer ou Anna Bloome. Tout était donc pour le mieux et montait crescendo pendant les deux tiers du livre – pour le dire autrement, je me régalais. Puis est arrivé ce que je n’avais jamais vu chez Paul Auster: une fin désastreuse. On dirait qu’elle a été bâclée, qu’il a voulu tout relier au risque de décrédibiliser et de faire vaciller l’ensemble de son livre. J’ai persévéré et j’ai réussi à le terminer au prix de gros efforts – j’ai enfreint l’une des règles de la lecture, j’aurais dû m’arrêter. Je ne suis pas à ma première déception, j’avais précédemment très moyennement apprécié Le Livre des illusions. Peut-être me suis-je lassé à la longue – ce livre doit être mon huitième ou neuvième ? Peut-être que ses premiers livres sont tout simplement moins bons que les derniers parus ? Je verrai bien avec le prochain.

Je ne veux pas rester sur cette impression négative et redire que les deux tiers du livre valent le détour et pas seulement pour les personnages. Le passage sur la vie de Nicolas Tesla est très réussi. J’ai été étonné de le retrouver dans ce livre et l’ai trouvé plus juste et encore plus condensé que celui fait par Jean Echenoz dans Des éclairs. Je termine en citant le genre de passage que j’apprécie tout particulièrement.

Les bibliothèques ne sont pas le monde réel, après tout. Ce sont des lieux à part, des sanctuaires de la pensée pure. Comme ça je pourrai continuer à vivre dans la lune pour le restant de mes jours.


Paul Auster, Moon Palace, traduit par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 1993, 365 p, Amazon.