Il y a très longtemps que je n’ai pas lu de polar. Tomber sur un polar adapté en BD est l’occasion rêvée de se remettre en selle. L’heureux élu est Le policier qui rit, l’un des dix romans que compte la série des enquêtes de Martin Beck écrite par un couple d’écrivain suédois, Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Lorsque le passage du roman à la BD est bien réalisé, l’expérience se révèle très convaincante. Le scénariste est obligé de tirer la quintessence du roman policier pour en réaliser l’adaptation en bande dessinée. Il n’a pas le choix, il doit trancher, les raccourcis que permettent les dessins ne sont pas suffisants – pensez un instant au défi relevé par le courageux scénariste qui est parvenu à adapter le Dahlia Noir1. Le lecteur bénéficie alors d’un concentré de polar.

Le deuxième point important concerne les dessins. Ils permettent de plonger directement dans l’ambiance et on sait l’importance de l’ambiance dans le roman policier. C’est justement le cas ici puisqu’ils permettent de nous immerger facilement dans le Stockholm de la fin des années 60. Mettre un visage sur un nom peut aussi s’avérer bien pratique surtout lorsqu’ils ont des patronymes suédois – si vous voyez ce que je veux dire.

Tous les passagers d’un bus ont été exécutés. A priori il n’y a aucun lien entre eux, mais a priori seulement.

Une BD très agréable à lire qui nous fait profiter pleinement de l’histoire et de la progression de l’enquête. Ici pas d’artifice narratif, le lecteur suit les enquêteurs dans leur travail et progresse en même temps qu’eux. Encore une preuve que lorsque l’histoire est bien ficelée elle se suffit à elle-même. Voilà comment la BD m’a réconcilié avec le polar.


Martin Viot, Roger Seiter, Maj Sjöwall et Per Wahlöö, Le policier qui rit, Casterman, 2011, 126 p, Amazon.


  1. Le célèbre et complexe roman de James Ellroy a été récemment adapté avec succès en bande dessinée: James Ellroy, Miles Hyman, David Fincher et Matz, Le dahlia noir, Casterman, 2013, 174 p, Amazon↩︎