Je ne sais pas trop quoi dire. Je suis un peu déstabilisé, c’est la première fois que je n’apprécie pas un livre de Paul Auster. Pourtant, on présente ce Livre des illusions comme une pièce maitresse de l’oeuvre de l’écrivain new-yorkais.

Paul Auster est un précurseur, il a mis le cinéma muet à l’honneur bien avant qu’il soit brusquement sorti des oubliettes par le triomphe du film The Artist. Jean Dujardin tiendrait ici le rôle d’Hector Mann, un acteur qui a connu le succès, mais qui n’a pas su – ou pu –, principalement à cause d’un accent étranger, prendre le virage du cinéma parlant. Comme Paul Auster adore les récits gigognes, c’est un autre écrivain, David Zimmer, qui se charge de nous raconter son histoire. Puis les récits gigognes deviennent des récits enchâssés puisque les deux personnages – n’oublions pas que Zimmer est un personnage – vont vivre un drame et le hasard, toujours lui, finira par les rapprocher. Le tout se déroule sous le haut patronage de Chateaubriand et de ses Mémoires d’outre-tombe1.

Tout était réuni pour un très grand cru: le personnage de l’écrivain, le hasard, les références à la littérature, les multiples récits qui s’entrecroisent et un élément de plus – une passion que je ne partage pas avec l’auteur – le cinéma. Est-ce à cause de cet univers qui me laisse indifférent que je n’ai pas accroché ? La question reste entière. Mais elle n’a pas beaucoup d’importance comparée à celle-ci: Est-ce qu’Hector Mann a vraiment existé ? Je donne un indice, le musicien de rock Duke Special a donné à l’un de ses albums le titre The silent world of Hector Mann – et une moustache est dessinée sur la couverture.


Paul Auster, Le Livre des illusions, Actes Sud, Actes Sud, 2002, 386 p, Amazon.


  1. Francois-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, tome 1 : Livres I à XII, Le Livre de Poche, 2001, 800 p, Amazon↩︎